J’étais censé prononcer ces quelques propos sur l’éducation à Saint-Petersbourg à l’occasion de l’Union Interparlementaire, mais des impondérables ne m’ont pas permis de m’y rendre.
L’éducation, je ne vous l’apprendrai pas, est la mère de toutes les batailles pacifiques.
Elle est la clé du vivre-ensemble, c’est-à-dire de rapprocher les uns des autres, comprendre les cultures, faire tomber les barrières ; la tolérance.
Au fond, il s’agit d’une « richesse révolutionnaire » qui illumine tout un siècle. Elle se constitue de petits ruisseaux individuels qui ont parfois du mal à atteindre le grand fleuve de la tolérance.
Aussi, les sages et bonnes paroles laissent parfois place à beaucoup d’aventures sur le terrain. Au point parfois de conduire à des solutions contraires à l’objectif poursuivi.
Le mot qui me vient à l’esprit est « apprendre » :
apprendre à apprendre ;
apprendre des autres ;
apprendre soi-même.
Trop souvent, on se contente d’une approche binaire : Riche ou pauvre ; Privé ou public ; Ecole ou famille.
Or, des études montrent qu’à l’âge de treize ans, je dis bien treize ans « les jeux sont faits » ; les structures mentales sont figées.
C’est donc avant cet âge que l’on sème, pour récolter le partage, l’écoute, le vivre ensemble.
De fait, les familles ne peuvent s’exonérer de leurs responsabilités, en renvoyant une partie de leur rôle à la seule école. Jusqu’à treize ans, le tandem famille-école est indissociable.
Par ailleurs, il n’échappe à personne que le monde s’est transformé ; les nouvelles technologies chamboulent l’accès à la connaissance. Cette transformation nous oblige à revisiter l’ensemble de nos pratiques et expériences anciennes.
L’école doit, elle aussi, se réinventer à l’aune de cette nouvelle donnée, et en particulier, en plus de dispenser son savoir, elle doit « apprendre à apprendre ».
Via Internet, une quantité infinie de savoir est à disposition de tous, mais sans aucun filtre.
Là, réside un grand danger.
Il s’agit aussi d’apprendre à décrypter, et de développer un esprit critique.
De plus, un système éducatif doit oser confronter ses performances à celles des autres, pour apprendre des autres. Dotée de ce complément pédagogique, l’école crée les conditions de la tolérance, qui « est le meilleur aboutissement de l’éducation ».
Au-delà des savoirs élémentaires, la tolérance passe aussi par l’apprentissage des langues, qui donne envie de découvrir d’autres cultures, donne envie d’apprendre par soi-même. Bref, d’inciter à la curiosité.
Le rôle du parlement est de contribuer à ouvrir les horizons favorables à la mixité sociale, gage de cette tolérance.
Le principe d’égalité des chances est aussi au cœur du travail des parlementaires.
L’école transcende les parcours individuels ; c’est un dénominateur commun qui, s’il réduit les différences, les enrichit tous.
S’il fallait résumer, l’éducation doit permettre de dire
« A Rome, fais comme les romains ; si tu es ailleurs, vit comme on y vit ». Mon pays, c’est là où je suis !
Pour terminer, permettez-moi de vous parler de mon pays et de son excellence en matière d’éducation et de la tolérance.
D’abord, l’intégration; 39 000 habitants où coexistent de l’ordre de 120 nationalités. Puis, 20% des élèves viennent hors de notre pays, sur plus de 7 000 élèves
Il y a aussi la force du partenariat public/privé, avec 60% des élèves dans le public, 40% dans le privé.
Il y a quelques instants, je parlais des langues ; 55% des élèves sont notamment en anglais intensif ; d’autres langues, comme le chinois et le russe, sont enseignées.
Et au final, les résultats témoignent de ce long travail d’éducation, avec un taux de réussite de 99% au baccalauréat, dont 78% avec mention.
Le succès provient aussi de l’intégration des cultures d’ici et d’ailleurs, et notamment, l’élargissement des partenariats avec les associations culturelles, de la maternelle au CM2.
Les « goûters philosophiques » pour les élèves du CM2, ou encore le développement artistique et les voyages scolaires à l’étranger, ainsi que l’action pour le développement durable ou l’engagement responsable
Sans être exhaustif, ce sont ces éléments qui facilitent et qui illustrent, chez nous, cette tolérance.
Et sur cette bonne note, si j’ose dire, je vous remercie.
Daniel Boeri
NOTA: « Education » et « Future » sur l’image sont en anglais 🙂