Monsieur le Ministre,
Mesdames, Messieurs les Conseillers Ministres,
Chers compatriotes et résidents,
Chers collègues,
Je remercie Madame la Rapporteure pour son rapport.
La « clause de revoyure » afin de répartir d’éventuels superprofits constitue une réelle avancée et surtout un précédent pour les projets futurs.
Evidemment, je n’oublie pas la nécessité de trouver un accord suite à la décision du Tribunal Suprême.
Plongé dans l’étude du projet de l’Esplanade des pêcheurs, j’ai fait un rêve :
Monaco s’étendait, comme la pampa, du nord au sud, de l’est à l’ouest :
prairies, savanes et brousses à perte de vue. Un potentiel formidable.
Puis, je me suis réveillé.
Ce projet pose trois questions essentielles.
Tout d’abord, la raréfaction du foncier disponible : est-il nécessaire de le rappeler ?
Deux comparaisons soulignent les enjeux.
Au plan des surfaces :
- le Musée de la mer : 5 300 m2
- les logements domaniaux, bien loin : 2 955 m2.
Au plan budgétaire :
- le Musée de la mer : 100 millions d’Euros ;
- les logements domaniaux : 32 millions d’Euros.
Comme dit le poète :
« Pénurie, pénurie, que de crimes commet-on en ton nom ! »
Est-il encore temps pour un arbitrage économique et social ?
Autre point : la fréquentation future du Musée de la Mer
L’intérêt de l’archéologie sous-marine est indéniable.
Le projet de Musée présente un grand intérêt culturel et économique :
- 235 000 visiteurs par an ;
- 35 emplois ;
- 8 millions d’Euros de retombées économiques.
Je ne néglige pas ces chiffres dont le financement est garanti pour 15 ans.
Monaco, en 2019, avant COVID, c’est :
- 1 000 000 de visiteurs
- dont 200 000 liés aux manifestations ponctuelles.
Mais surtout 57% des visiteurs seraient des excursionnistes et des croisiéristes, c’est-à-dire des personnes qui viennent en Principauté pour une seule journée, voire moins.
Il est donc à craindre qu’une partie des visiteurs ne soient « aspirés » par le Musée de la mer au détriment des autres musées, risquant de déshabiller Pierre pour habiller Paul.
Enfin, comment l’oublier, la question essentielle de la santé publique. Ne vous étonnez pas de la retrouver ici.
Je sais, « les choix sont difficiles, mais ne pas choisir c’est d’abord choisir et, qui plus est, choisir l’échec ».
Arbitrer entre le court terme qui se voit et le long terme qui ne se voit pas n’est pas simple.
Nous devons confronter la pollution des croisières et les logements nouveaux sur le projet.
Les croisiéristes ont fait des efforts : le passage du fioul lourd au fioul léger permet de diminuer fortement les émissions de soufre, et d’améliorer sensiblement la respiration, toutefois sans réduire notablement la production de CO2.
Saisissons l’opportunité de ce projet pour revisiter plus largement la question des croisières qui s’y trouvent à proximité.
Ainsi, il me paraît indispensable de revisiter l’espace consacré à Monaco dans le projet et notamment d’envisager de replacer le Musée de la Mer ailleurs que sur la digue, d’en profiter pour étudier l’impact de la pollution induite par les navires de croisière et pour inventer une campagne plus large de sobriété écologique dans le pays.
En conséquence de tous ces éléments, je m’abstiendrai pour le vote de ce projet de loi.
Je vous remercie.
Daniel BOERI