Intervention de politique générale de M. Daniel Boeri, budget primitif 2023

Publié le 06/12/2022 | Art, Culture, Économie et social, International, Monaco, News, NIM, Politique

Budget Primitif 2023

Intervention de politique générale de M. Daniel Boeri, 

Président de la Commission de la Culture et du Patrimoine 

Monsieur le Ministre,  

Mesdames, Messieurs les Conseillers-Ministres,  

Chers compatriotes et chers résidents dans l’hémicycle, à la télévision ou sur  internet, 

Chers collègues,  

Pour citer le Gouvernement,  

« Monaco s’appuie depuis plusieurs années sur l’attractivité qui constitue la  base historique et durable de son modèle économique ».  

C’est symptomatique et, je le crains, conduit à l’anesthésie.  

Or, le monde d’avant n’est plus ! Tant pour le climat, la technologie ou encore  l’arrivée de nouveaux acteurs mondiaux…et même la Méditerranée !  

Bien qu’il y ait de véritables avancées dans le Programme Gouvernemental  d’Action, je reste sur ma faim. 

Non, ce n’est pas le nombre de lignes budgétaires modifiées, ni des millions  d’Euros rajoutés ou retirés çà et là.  

180, c’est le nombre de fois où le gouvernement a utilisé les mots  « poursuivre », « conserver », « continuer » et « maintenir », avec leurs  conjugaisons et déclinaisons.  

Bonjour la continuité !  

Quant aux mots « développer », « mettre en œuvre », « accroître », sont  présents eux 53 fois.  

Bonjour la timidité !  

Je fais un peu de comptabilité, je sais, mais c’est très illustrant. Tout laisse penser qu’on prépare l’avenir en faisant du sur-place.  Albert Camus le dit :  

« Je tire de l’absurde trois conséquences qui sont ma révolte, ma liberté et ma  passion ». 

Les défis de l’avenir semblent très éloignés.  

Dans le même temps, le gouvernement traite les questions d’aujourd’hui de  façon isolée et non dans leur ensemble.  

L’approche globale, bien qu’envisagée, est encore et toujours oubliée.  

Oui ! Le gouvernement oublie que l’on vit dans un système ! Or, les éléments indépendants interagissent les uns avec les autres. 

Quelques exemples.

  • Le bouclier tarifaire pour protéger les résidents et entreprises de la  hausse des tarifs de l’énergie.  

Evidemment, il est le bienvenu.  

Mais en même temps, on oublie d’inciter les mêmes à réduire leur  consommation ! 

Il y a certes des recommandations, mais elles sont peu visibles… 

C’est dommage ! D’autant que le pouvoir d’achat est, pour beaucoup, attaqué  par la hausse du coût de l’énergie, même limitée. Plus que par l’inflation ! 

La sobriété énergétique s’impose à tous et a besoin de tous, en dépit de  modes de vie différents des uns des autres.  

Dans le même temps, cette pratique nous préparera à d’éventuels  délestages de plus en plus anticipés par notre grand voisin et sera une contribution pour la planète

Pour y parvenir, créer un bonus pour les économies d’énergie serait une  manière d’impliquer et de motiver tous les membres de notre communauté. Oui, une prime aux économies d’énergie. 

  • Autre exemple : le pouvoir d’achat de la Fonction publique. Le point d’indice suit l’évolution des prix. Bravo. 

En revanche, cela pose une question fondamentale : tout le monde n’a pas le  même nombre de points. Or, seul le point d’indice est augmenté. 

Sans le vouloir, on accentue les déséquilibres eu égard au maintien du  pouvoir d’achat entre les petits, moyens et hauts 

revenus. Pour certains même, l’inégalité.  

Il serait important de connaître, tout simplement, la rémunération des différents  déciles de la Fonction Publique, en oubliant les grades et catégories.

La rémunération moyenne n’est pas adaptée à la situation présente.  La hausse des prix n’est pas égalitaire… ! 

  • L’éducation encore et toujours, je le répète sans cesse.  

Les classements PISA pour les enfants de 15 ans et ceux de Shanghai pour les  Universités montrent le recul de l’éducation à la française.  

Dans le même temps, le travail à distance accroît le nombre de concurrents potentiels en temps réel.  

Une question fondamentale nous est posée : comment rester compétitifs à  terme dans ce monde en mutation ? 

De plus, la formation professionnelle, indispensable pour les femmes et les hommes dans leur travail et leur épanouissement, est strictement insuffisante. 

  • La mobilité

Là, nous sommes vraiment loin du compte, en dépit différents projets présentés  ou à l’étude qui mélangent volontiers, pour la circulation, les flux entrants et  les flux internes.  

  • Comment oublier la culture… 

Je l’ai dit, la culture est un investissement et non une dépense

Et il est faux de croire que la baisse du budget est relative du fait de la hausse  des investissements ! Au contraire, le budget culture doit s’adapter au niveau des investissements ! Mais…j’y reviendrai.  

La culture est aussi un vecteur fort de l’attractivité.

Nous ne pouvons plus vivre en vase clos…ni même comme une île de  l’Océan indien

Le monde mute !  

Dès aujourd’hui, nous devons entrer dans cette mutation.  

Je trouve dommage que le gouvernement semble faire siens ces propos de  Flaubert : 

« L’avenir est ce qu’il y a de pire dans le présent ». 

Je vous remercie 

Daniel BOERI 

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