En 1950, la volonté de mettre fin aux fréquentes guerres entre voisins a donné naissance à la CECA – Communauté Européenne du Charbon et de l’Acier ».
En 1986, l’Acte Unique européen est créé, en vue d’accélérer son « marché intérieur ». Jacques Delors y joue un rôle majeur.
Les traités de Maastricht (1993) d’Amsterdam (1999) et de Lisbonne (2007) renforcent quant à eux le rôle du Parlement européen.
Pendant toutes ces années l’Union Européenne (UE) a fait face avec bonheur à son développement. Toutefois, ce regard « sur soi-même » l’a quelque peu rendu myope face à l’évolution de l’économie mondiale
L’arrivée de la Chine se limite aux récriminations, face aux subventions à son industrie et par la mise en place de taxes à l’importation, comme pour le « fast fashion ». Mais voilà, le monde bascule ; l’Inde arrive également.
La compétition mondiale s’agrandit ; les nouveaux consommateurs, non occidentaux, font leur entrée en scène sur le marché.
Le monde occidental lui-même n’est pas uniforme !
Il existe un grand décrochage entre l’Union Européenne (UE) et les États-Unis.
Le PIB de l’UE ne représente plus que 65 % de celui des États-Unis, contre 91 % en 2013. De plus l’amélioration de la productivité est moindre par rapport aux américains.
La richesse par habitant stagne, à 35 200 $ par an, contre 76 350 $ outre-Atlantique.
Les déficits budgétaires dépassent l’objectif de 3% maximum
Qui plus est, les Investissements directs venus de l’étranger ont reculé de 68% en Europe, alors qu’ls bondissent de 63% aux Etats-Unis.
Dans le même temps de nouveaux besoins européens apparaissent ; 650 milliards d’euros par an, pour faire face à la transition énergétique, plus qu’urgente, 150 milliards d’euros pour la transition numérique, sans compter la nécessaire politique de réarmement face à la menace de la Russie.
Or en 2023, la croissance atteignait + 0.5% dans l’UE, 3.1% aux Etats-Unis, et 5.2% en Chine. Pour 2024, la Réserve Fédérale des États-Unis projette la croissance à 2,1 % alors que la Banque Centrale Européenne estime la croissance de l’UE à 1 %.
Inventer « un pacte de compétitivité »
Le rapport Enrico Letta du 17 avril dernier prévient « on ne peut plus attendre » ! Il s’agit d’orienter l’épargne vers le financement des transitions vertes et numériques, de mutualiser 10 % des aides de l’État, d’adopter un plan de relance et mobiliser l’épargne européenne de 35 000 milliards d’euros.
À titre d’exemple, l’ancien Premier ministre italien d’illustrer le cas des opérateurs télécoms. Un opérateur télécom chinois dispose en moyenne de 467 millions de clients, un Américain en compte 107 millions et un opérateur européen… 5 millions ! La peur de la hausse des coûts paralyse l’évolution du secteur européen.
Le futur rapport « pour la compétitivité » de Mario Draghi commandé par la Commission Européenne appelle à un « changement radical ». Il propose de mettre en place une organisation à l’échelle du continent pour rattraper le retard, là où un pays ne pourra agir seul, ainsi que pour sécuriser les approvisionnements, notamment en énergie.
La sociologie contribue également
Mais aussi, pour finir provisoirement la photographie ; les populations européennes vieillissent. Pour 2050, les plus de 65 ans composeront près de 30 % de la population européenne, contre 20 % aujourd’hui.
Manque de compétitivité, vieillissement de la publication et manque d’investissement, oui un changement radical et urgent est nécessaire pur l’Union Européenne.
Le vote européen du mois de juin devrait être l’occasion de donner le signal d’une transformation organisationnelle et aussi du pilotage de l’UE. Cela dépasse largement l’aspect de la vie économique mais doit aussi intégrer la géopolitique.
Daniel BOERI