Edito du 22 mars 2018 : Vacciner contre le HPV : Protéger les jeunes !

Mis à jour le 18/06/2018 | Publié le 22/03/2018 | Édito

Vacciner contre le HPV : Protéger les jeunes !

Quels que soient les attitudes et convictions vis-à-vis de la vaccination, il n’est plus possible, aujourd‘hui, de tomber dans le piège idéologique antivaccin

Le débat autour de la vaccination a toujours divisé la communauté. Entre partisans de la protection contre les maladies transmissibles d’un côté et sceptiques de l’autre. Les effets secondaires inhérents à toute médication ont ajouté à la confusion.
Ces positions idéologiques et quasi bibliques ne doivent nous faire perdre vue ni les faits, ni les progrès.
Il nous faut dépasser le simple cadre bien établi qui consiste à être pour ou contre les laboratoires qui développent les vaccins. Porter le discrédit ici contre le lobbying des laboratoires, comme d’autres à propos de la justice, évite la confrontation aux faits !

Car ce qui se joue derrière cette querelle va bien au-delà : il s’agit de protéger les jeunes générations.
Je voudrais parler de la question du Papilloma Virus Humain (HPV), plus connu sous le nom de cancer du col de l’utérus. Le HPV est un facteur majeur de risque pour le cancer du col de l’utérus. Comme chacun le sait, je ne suis en rien spécialiste, et même de très loin, de cette question. Cependant, elle présente un enjeu sociétal important ; aussi je m’appuie sur les données de l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé) et de l’Institut du Cancer.
Chaque année dans le monde, ce sont environ 500 000 femmes qui sont atteintes du HPV. Il ne s’agit pas ici de faire de l’alarmisme ou de l’apologie des laboratoires pharmaceutiques ; dans la majorité des cas, l’infection s’élimine naturellement un ou deux ans après la contamination.

Selon l’Institut du Cancer, chaque année en France, le HPV touche près de 3 000 femmes et est responsable de 1 100 décès. C’est le deuxième cancer chez les femmes, et qui connaît un taux de mortalité très élevé. Reste qu’il convient ne pas faire la « confusion » classique entre infection à HPV et cancer !!!
Or, la vaccination anti HPV protège contre 70% des infections du Papilloma Virus Humain responsables du cancer du col de l’utérus. En dépit de ces chiffres, la couverture vaccinale baisse depuis 2010.

Pourquoi vacciner les jeunes filles contre les infections liées au HPV ?
L’infection par HPV est très fréquente et s’acquiert environ dans les 5 années suivant le premier rapport sexuel.
Au cours de leur vie, 80% des femmes seront exposées au virus.
Or, dans 10% des cas, cette infection persiste et peut entraîner des lésions précancéreuses au niveau des cellules du col de l’utérus.

En France, 31 000 lésions précancéreuses sont dépistées chaque année.
Pour éradiquer le Papilloma Virus Humain, l’Organisation Mondiale de la Santé recommande la vaccination et le dépistage.

Trois vaccins existent aujourd’hui. Les deux premiers protégeaient contre les infections représentant 70% des cancers invasifs du col de l’utérus et 50% des lésions précancéreuses de haut grade. On appelle « de haut grade » des lésions du col de l’utérus qui, dans 60% des cas, peuvent évoluer en cancer dans les 10 ans qui suivent, sans traitement.
Le troisième vaccin, sorti récemment, couvre, aujourd’hui, 90% des causes de cancer du col de l’utérus et 80% des lésions précancéreuses de haut grade.

Vacciner les filles dès l’âge de 11 ans
Les données scientifiques montrent que les réponses immunitaires sont meilleures lorsqu’il est administré avant 15 ans.

Il y a-t-il des effets indésirables ?
Souvent, un des freins à la vaccination HPV est liée à la crainte d’effets indésirables et bien sûr, si j’ose dire, à l’aspect freudien lié à la sexualité. Nous touchons là le totem et le tabou.
Or, il faut savoir que la tolérance aux vaccins est satisfaisante et repose sur une surveillance de plus de 10 ans, avec 260 millions de doses distribuées dans le monde.
Les vaccins sont très contrôlés ; un plan de gestion des risques a été mis en place au niveau européen et au niveau national, en France.
Le but est de détecter et analyser tout effet indésirable dans des conditions réelles d’utilisation.
Cette surveillance renforcée n’a pas mis en évidence d’éléments remettant en cause leur balance bénéfice-risque.

Les principaux effets indésirables
Rougeurs, douleur et/ou démangeaisons au point d’injection, pics de fièvre, céphalées, et plus rarement des syncopes vasovagales justifiant le conseil de réaliser l’injection en position allongée et une surveillance médicale 15 minute après la vaccination. Ce qui est valable pour tous les vaccins

Les vaccins ont-ils un lien avec les maladies auto-immunes comme la sclérose en plaques ?
De source médicale, la coïncidence temporelle de la survenue d’une maladie après vaccination ne peut être assimilée à un lien de causalité.
Une étude de septembre 2015, qui a porté sur plus de 2,2 millions des jeunes filles âgées de 13 à 16 ans entre janvier 2008 et décembre 2012, soit 5 ans, parmi lesquelles 840 000 avaient été vaccinées contre le HPV et 1,4 million ne l’étaient pas, montre qu’il n’y a pas plus de maladies auto-immunes chez les filles vaccinées que celles non-vaccinées.
Il est vrai toutefois qu’un risque de syndrome Guillain-Barré après vaccination contre le HPV apparaît probable dans 1 à 2 cas pour 100 000 jeunes filles vaccinées, ne remettant pas en cause le rapport risques-bénéfices Cette étude française est cohérente avec les rapports internationaux
Or, le discrédit actuel jeté sur la vaccination anti-HPV conduit à une perte de chance pour les filles non vaccinées.

Quelle est l’efficacité des vaccins anti-HPV ?
Lorsque l’on se penche sur les chiffres, une vérité se fait jour : dans les pays où les taux de vaccination sont les plus élevés comme l’Australie, les signes avant-coureurs du Papilloma Virus Humain se réduisent comme peau de chagrin, au point même que ce pays pense pouvoir éradiquer le cancer du col de l’utérus sur son sol !

Ce qui était hier, un objectif est, aujourd’hui, confirmé. Le taux d’infection par le HPV a chuté dans ce pays de 22.7% à 1.1% entre 2005 et 2015 ! Ce résultat laisse espérer diminuer encore, voire éradiquer le cancer du col de l’utérus, dont le HPV est à l’origine dans 99.9% des cas.

En Suède, on observe une réduction de 75% des lésions précancéreuses chez les jeunes filles vaccinées avant 17 ans, comparé aux autres jeunes filles.

Toutefois, parce que le vaccin est encore récent, il faut encore attendre et bénéficier d’un recul de plusieurs années de l’évolution de la maladie. Pour l’efficacité, les choses sont assez claires ; reste les possibles effets secondaires à long cours.
En France, la couverture vaccinale est très faible ; en 2017, moins de 20% des jeunes filles âgées de 16 ans avaient reçu le vaccin complet.

Une autre voie est-elle possible ? Vaccination versus dépistage

Les frottis permettent de dépister les lésions précancéreuses à un stade peu avancé, tandis que la vaccination prévient l’infection elle-même et réduit le risque de lésions. Elle ne protège pas entièrement (70% des cas) mais réduit fortement le risque d’en développer.
Attention, la vaccination ne doit pas se substituer aux frottis !

Combien coûte la vaccination ?
La vaccination nécessite 2 à 3 injections à intervalles réguliers, pour un coût de 125 Euros par ampoule.
65% du coût est pris en charge par l’assurance maladie et certains centres de vaccination proposent gratuitement la vaccination. A Monaco, les 35% restant sont pris en charge par l’état.

Le vaccin anti HPV contient-il des adjuvants ?
Oui, car l’adjuvant conditionne l’efficacité du vaccin. Des sels d’aluminium figurent parmi les adjuvants les plus utilisés dans le monde.
Un recul de 90 ans et des centaines de millions de doses injectées sur les sels d’aluminium valident leur présence. D’ailleurs, l’aluminium est, avec le silicium, l’élément chimique le plus présent dans la croûte terrestre et leurs effets toxiques ont été prouvés pour des doses infiniment supérieures à celles des adjuvants vaccinaux. D’ailleurs la principale source d’aluminium reste l’eau du robinet !

Bien sûr, la vaccination n’est pas la panacée ; les femmes doivent continuer à effectuer des visites de contrôle régulièrement.
Les faits et les résultats devraient conduire les familles à passer outre leurs barrières psychologiques et, parfois, idéologiques, contre la vaccination anti HPV. Il s’agit à la fois d’informer et de convaincre ; le mieux à mon avis est de commencer par le milieu scolaire.

En dépit des doutes et des craintes chez certains, les résultats publiés ne laissent aucun doute sur les effets positifs de la vaccination anti-HPV. Les familles, les premières concernées se doivent de confronter leurs réticences éventuelles aux effets très positifs et évalués de la vaccination anti-HPV.

Si besoin était, le récent développement des cas de rougeoles chez notre grand voisin, où 913 cas ont été recensés à novembre 2017, contre 519 pour l’année 2016 entière et 20 décès confirment les conséquences nocives de la non vaccination. Malheureusement ces chiffres, sont corroborés par l’OMS, qui souligne qu’en Europe 21 315 ont été enregistrés en 2017, contre 5273 cas en 2016 ; une hausse de 400% ! et 35 vies perdues. L’épidémie s’enflamme.

Toujours est-il que, sans rendre la vaccination obligatoire, la mise en place d’un calendrier électronique de vaccination, devrait permettre aux autorités d’anticiper une éventuelle épidémie.

Daniel BOERI
NOTA : Comme toujours, ces propos n’engagent que moi.

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