En ce début d’année 2021, je titrai mon éditorial : « Chine An 1 ». Ce récent premier trimestre illustre parfaitement la situation. Le bureau des statistiques chinois annonce, tranquillement, une hausse du PIB de 18,3 % : du jamais vu !
Certes, la base de comparaison est favorable, puisque le premier trimestre 2020 inclut le début de la pandémie mondiale qui a pour origine Wuhan (- 6,5 % du PIB). Toutefois, la croissance chinoise a depuis bel et bien repris son chemin. Les grincheux, comme pour se rassurer, de s’appuyer sur l’écart statistique favorable à cette hausse vertigineuse de la croissance, pour jeter un œil distant sur ces derniers chiffres ; sans doute à tort.
Il est vrai qu’à s’en tenir au seul PIB par habitant, la Chine est encore loin d’être au rendez-vous. Elle est classée au 82ème rang mondial avec 16 624 $. Par comparaison, le PIB par habitant aux États-Unis se situe à 66 899 $ et celui de la France à 33 690 $. Mais « faire bouger » les chiffres relatifs à près de 1, 4 milliards d’habitants n’est pas si facile.
Une nouvelle économie « duale »
Ces chiffres, bien au contraire, nous éclairent sur la nouvelle politique chinoise qui devient « duale ». Ainsi, le développement bien connu des exportations chinoises va s’accompagner du développement du « monde intérieur » chinois ; cela veut dire se rapprocher des consommateurs !
Les chiffres publiés récemment par les entreprises du secteur du luxe illustrent à l’envi cette nouvelle politique. Ce secteur, certes très spécifique, publie des chiffres de + 30 % au premier trimestre 2021, dus en très grande partie à la croissance du marché chinois.
Mais c’est surtout le poids continu du secteur de la recherche et développement et de la technologie qui en découle qui va devenir un secteur porteur.
Le PIB par habitant chinois, tout éloigné qu’il soit de celui des pays occidentaux, indique l’objectif tracé du pays. Les photos de Pudong qui illustrent mon propos montrent la transformation, en 15 ans, de ce quartier de Shanghai. Le terrain vague de1987 est devenu une grande place mondiale dès 2013.
Des bémols existent cependant. Evidemment d’abord, vue de loin, la question des Droits de l’Homme largement remise en cause, par exemple à Hong Kong, et aussi, paradoxalement peut-être, celle de la croissance démographique.
Le nombre de naissances chute à 10 millions par an et montre que la fin de la politique de l’enfant unique ne porte, si j’ose dire, pas encore ses fruits.
Cependant, et le paradoxe est là, la démographie de la Chine ne constituerait-elle pas les prémisses concrètes de la lutte contre le réchauffement climatique, dont on oublie trop souvent que la croissance mondiale et ses dégâts est surtout faite pour satisfaire les besoins des consommateurs !
Daniel Boeri