Édito du 19 Décembre 2019 : Budget primitif 2020 : Déclaration de politique générale 10 décembre 2019

Mis à jour le 31/12/2019 | Publié le 19/12/2019 | Économie et social, Édito, Monaco, Politique

Budget primitif 2020

Déclaration de politique générale 10 décembre 2019

Le budget primitif est l’occasion de passer en revue les missions de l’Etat et les ressources qui y sont affectées.

Je rassure notre Haute Assemblée ; ce soir je ferai court, eh oui croyez-moi.

Je n’aborderai qu’un seul point :

L’économie mondiale et notre Fonds de Réserve.

La croissance mondiale ralentit.

De plus, cette tendance générale, qui devient structurelle, ne nous met pas à l’abri de crises conjoncturelles, comme les guerres commerciales

Face à cette situation, chaque pays à sa manière, s’adapte. Le Japon, par exemple, injecte 120 milliards et l’Europe attend une décision, incertaine de l’Allemagne, dans le même sens.

Toutefois, un nouveau paramètre vient compliquer la situation : l’arrivée des taux d’intérêt négatifs, alors qu’en 1980, les taux étaient à + 17 %.

Cette nouvelle tendance prolonge la période récente de baisse des taux.

Il s’agit d’une situation inconnue où, quasiment, seuls des modèles théoriques éclairent la route

Le secteur de la finance au sens large se trouve à la croisée des chemins ; banque, assurance, épargne, fonds de pensions sont concernés.

J’en viens aux conséquences de cette situation sur notre Fonds Souverain, lequel a 4 missions :

  • Permettre des investissements nécessaires au pays comme on le fait aujourd’hui avec le plan logement ;
  • Conserver des marges de manœuvre pour les générations futures ;
  • Assurer la pérennité de la retraite de la fonction publique ;
  • Anticiper les besoins de dépendance.

Les résultats du Fonds de Réserve Constitutionnel se sont largement améliorés ces dernières années, à la lumière notamment :

  • Du pouvoir d’achat, mesuré en surfaces de mètres carrés achetables à Monaco ;
  • Du nombre d’années de couverture des dépenses ordinaires de l’Etat.

Toutefois : Il ne s’agit pas d’un long fleuve tranquille.

En 2018, le Fonds de Réserve s’élevait à 5,172 milliards.

En retirant les dépenses, « à payer », de l’État, il reste de l’ordre de

4,95 milliards, ce qui n’est pas rien !

Toutefois, ce montant inclut, si j’ose dire, les bijoux de famille, c’est-à-dire l’immobilier qui loge les monégasques et donc intouchables.

Reste alors 3,17 milliards

Mais prudence et oui !

D’abord, la baisse des taux d’intérêt a entrainé, l’an dernier, une baisse des revenus de 99 millions.

Il est à craindre que la poursuite de la baisse des taux ne produise les mêmes effets, indépendamment du talent de nos financiers.

De plus, ces Réserves doivent être imputées pour 2019 de 100 millions relatifs à la vente par l’Etat des actions de la SBM à ce même fonds et de 100 millions supplémentaires en 2020, ce qui a pour effet de laisser apparaitre un excédent budgétaire.

Entre baisse des taux d’intérêt, transferts d’un compte à l’autre et reste à payer ; c’est d’un enjeu de l’ordre de 400 millions d’euros.

À titre de comparaison, la crise financière mondiale de 2008 avait coûté 200 millions.

Encore n’ai-je pas intégré dans ce calcul, ce qui diminue encore les marges de manœuvre du fonds ;

  • Le nécessaire cantonnement de la retraite des fonctionnaires de 250 à 460 millions d’Euros ;
  • Le besoin d’une anticipation de la dépendance.

Aussi dans ce contexte, au moment des choix, prudence et pragmatisme doivent être la partition du Fonds de Réserve.

Je vous remercie.

Daniel Boeri

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