Édito du 14 mars 2023 – Les complices objectifs de Poutine sont-ils en train de gagner ?

Publié le 14/03/2023 | Économie et social, Édito, International, News

Dans l’éditorial 27 juin 2022 (« les banquiers centraux complices objectifs de Poutine ! »), je craignais que la « traque » à l’inflation par les banquiers centraux ne conduise à un remède pire que le mal !

Y sommes-nous ?

Heureusement, il y a encore loin de la coupe aux lèvres. Cependant, les indices financiers forts se sont faits jour cette dernière semaine. 

Avec la hausse des taux d’intérêt menée par les banquiers centraux, ce n’est pas encore l’économie qui est touchée – les créations d’emplois continuent aux Etats Unis – ; en revanche, le système bancaire l’est fortement.

Si la faillite récente de la banque Silvergate et les cryptomonnaies pouvait paraître isolée, la très récente faillite de la banque SVB (Silicon Valley Bank), spécialisée dans le financement des start-ups de la technologie, commence à changer la donne.

Cette banque, la 16ème des États-Unis, gérait le cash de ses clients start-up, en apparence en « bon père de famille », avec des placements en bons du trésor américain à bas coût. Mais les taux se sont brutalement relevés. De fait, le cercle vertueux s’est soudain transformé en cercle vicieux. Pour découvrir une règle d’or « ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier ». 

En 2021, avec le boom de la technologie, les dépôts auprès de la SVB ont bondi de 102 à 189 milliards de dollars. La banque a donc investi dans des obligations à long terme des bons du trésor américain, peu rémunérés et « sans risque » (taux d’intérêt faible voire négatif, autour de 1,8 %).

La forte hausse des taux d’intérêt par les banquiers centraux entraîne une baisse importante des valeurs du portefeuille obligataire de la banque. Vendredi 10 mars dernier, la baisse du portefeuille représentait 21 milliards de dollars et a conduit à une perte de 1,8 milliards de dollars pour la banque ! La plus grande faillite d’une banque depuis 2008.

De plus, l’annonce a conduit à une chute de 60 % de l’action SVB.

Déjà, les principales banques américaines ont accusé le coup vendredi (entre -6 et -16 %). Soit une baisse de la valeur 52 milliards.

Heureusement, la banque fédérale a repris à son compte SVB durant ce week-end. Il convient d’ailleurs de ne pas oublier que les banques américaines avaient en portefeuille 3 000 milliards d’obligations !

D’autant que la crainte de la limitation de garantie des dépôts à 250 000 dollars n’entraîne une brutale levée de fonds des clients.

Je le répète : la lutte contre l’inflation fait partie de la mission les banquiers centraux. Encore faut-il être en mesure d’être sûr des causes de l’inflation.  La hausse de la demande ou de l’offre n’entraînent pas les mêmes conséquences. Il est toutefois à craindre que les précautions prises ce week-end s’avèrent insuffisantes !

Si besoin était, avec les interventions des plus hautes autorités américaines, les taux d’intérêt à deux ans sont passés brutalement de 5,08% à 3,99%. Une chute de 110 points en quelques heures ; du jamais-vu depuis le krach de 1987 ! 

Les autres taux (10 ans, 1 an) suivent la baisse ! La lutte contre l’inflation serait abandonnée séance tenante. Il s’agit d’un bouleversement majeur. 

Daniel BOERI

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