Titrer « Chine, An 1 » peut paraître paradoxal au sujet d’une culture millénaire… et pourtant !
En ce début d’année 2021, propice aux vœux, tout semble indiquer que l’ordre du monde a soudainement changé. Il était déjà présent mais, en quelque sorte, ignoré par un monde occidental assis sur son passé et ses certitudes.
Soudain, le double accord de libre-échange « Chine-Asie », intégrant une partie du Pacifique d’un côté, et l’arrivée, comme par mégarde, d’un accord de libre-échange « Chine-Union Européenne » de l’autre, a non pas la culture, évidemment, mais la vision occidentale de l’ordre du monde.
Le récent accord « inter-asiatique » qui regroupe vingt pays de la zone, sera sans doute rejoint par l’Inde, après de nombreuses réticences.
Dès lors, cette région (Etats-Unis inclus) pèsera 60 % du PIB mondial !
L’Union européenne, sûre d’elle-même et dominatrice (en apparence encore) découvre, avec l’accord, le bon grain de l’ivraie. Au point que, dès maintenant, les entreprises européennes, et notamment françaises, auront tout intérêt à s’installer en Chine et y créer des emplois, plutôt que d’exporter directement vers l’Asie !
Le monde européen va découvrir que c’en est fini avec la vision d’une Chine limitée à un pays à bas coûts et à copies. Aujourd’hui, la Chine c’est, en même temps, d’une part la Recherche et Développement : on le voit déjà avec tous les médicaments et bientôt les vaccins. Comme un pied de nez, la Chine a envoyé une fusée sur la lune pour y récupérer de la terre, comme les autres l’avaient réalisé avant elle.
Mais c’est surtout, d’autre part le développement d’une classe moyenne nombreuse et des jeunes, de plus en plus éduqués, qui voit avec bonheur l’arrivée de produits occidentaux. Mais cela ne se limitera plus qu’aux produits de luxe pour les riches.
Pendant ce temps l’Union européenne, qui a oublié les idées des pères fondateurs qui souhaitaient « rapprocher les hommes », établit normes sur normes !
La fin d’année 2020 a illustré cette situation. L’UE, après s’être tirée, tant bien que mal, de ses relations avec la Hongrie et la Pologne, … pour des questions de normes toujours, la voilà boucler le Brexit !
Les conditions de départ du Royaume-Uni de l’Union européenne sont exemplaires : l’accord signé comprend de l’ordre de 1300 pages ! Eh oui, tellement de détails et tellement de normes et des années de négociations, qu’ils en sont même venus à en oublier quelques-uns. Oublié Gibraltar, par exemple qui soudain ne pouvait plus circuler ! Mais encore, le plus extravagant, oublié que les Anglais « roulent à gauche » et il n’est pas prévu de leur envoyer les contraventions prises sur le continent. Comme un malheur ne vient jamais seul, voilà que, pas plus tard que cette semaine, un douanier néerlandais de réquisitionner, dans la voiture d’un brave conducteur anglais, le sandwich qu’il était en train de manger !
Alors oui, l’Union européenne peut encore s’appuyer « sur un tas d’or » économique et politique construit par l’Histoire. Mais pour combien de temps encore ?
Les prévisions économiques sont quasiment sans appel. Non seulement la Chine a mieux résisté à la pandémie en 2020 que le monde occidental (quand bien même elle en a été à l’origine), mais surtout, les prévisions pour 2021 et les années suivantes montreraient une expansion chinoise beaucoup plus forte qu’attendu et même de celle de l’Occident.
Oui, la Chine c’est déjà 2035 !
Mais me direz-vous, « vous oubliez un continent : l’Afrique ».
Rassurez-vous la Chine, elle, y a pensé avec la création des « Instituts Confucius ». Ils ont été créés en 2004, déjà, sur le modèle de l’Alliance Française, du Goethe Institut et du British Council. L’Institut est un établissement culturel qui a pour mission l’enseignement du mandarin et la diffusion de la culture chinoise. Une diplomatie douce, du « soft power ». Actuellement, l’Afrique, qui comptait 46 établissements de ce type, devrait en compter une centaine pour 2020. Ils sont le fer de lance de la « Chine-Afrique », portés davantage sur la culture, la langue, les Arts que sur l’économie et la politique. Mais ce sont surtout les valeurs chinoises qui sont partagées, et ce, bien au-delà du continent africain.
Daniel BOERI