Intervention d’ouverture
Monsieur le Ministre,
Mesdames, Messieurs les Conseillers-Ministres,
Chers compatriotes et chers résidents,
Chers collègues,
D’abord, félicitations à notre nouvelle Présidente.
Une femme à la tête du Conseil National, c’est un grand pas en avant pour l’égalité femme-homme.
Lors des précédents budgets, j’avais regretté de rencontrer un gouvernement comptable et non stratège.
La crise du COVID est arrivée : l’Union nationale, le Comité Mixte et l’ensemble des forces vives du pays ont fait que Monaco a su faire face, mieux que bien, à ses conséquences.
Les aides diverses ont grandement facilité la reprise de l’économie monégasque. L’excédent budgétaire de 8,8 millions.
Mais comme on dit ici : « rasccia u carbun, suta gh’è negru » ou son équivalent en français : « chassez le naturel, il revient au galop » !
Trente-huit pages analytiques (rapport et exposé des motifs) pour expliquer dans le détail les variations depuis le primitif.
- gnes pour 68 millions d’écart :
- 36 lignes pour les recettes ;
- 152 pour les dépenses de fonctionnement ;
- 43 pour les dépenses d’équipement.
Sur un budget de 2 milliards !
Le rectificatif permet de faire un point sur les évolutions du budget. Mais tout de même…
J’en reviens au temps ancien de la gestion par exception où 20% des dépenses représentent 80% du budget ! Et réduire l’étude du rectificatif à 32 lignes sur 231 !
D’autant que, courant septembre, une nouvelle version du budget rectificatif est apparue. Désolé, je n’ai plus compté les lignes.
C’est vrai : le total des lignes doit correspondre au total des colonnes.
Je me souviens d’un de mes anciens livres, excusez-moi de me citer : « Au secours, la balance carrée a encore frappé ! ». C’est de cela dont il s’agit.
Le mélange « comptes » et « objectifs » entraîne deux tours de débats ; séances privées et séances publiques.
Un premier tour politique ; l’état d’avancement des objectifs prioritaires, notamment le pouvoir d’achat et le logement.
- Le pouvoir d’achat
C’est la vie quotidienne de 58 000 salariés du public et privé qui est impactée par la vague inflationniste.
Protéger leur pouvoir d’achat est essentiel.
D’autant que pour certains, la fin du mois commence le 20…voire même le 15 !
- Le logement
Garantir à nos compatriotes l’accès au logement est une priorité absolue.
La verticalisation progressive du pays aura un impact sur les charges locatives.
Cela invite à revisiter les conditions de l’aide au logement.
Ce premier tour est indispensable ; il pourrait être déconnecté de l’analyse du budget…probablement avec profit et moins de fatigue !
La politique, c’est préparer le pays pour les générations futures.
Pour faire le lien avec le budget, ceteris paribus : en 2003 – eh oui, je crois que tout le monde était né – la partie liquide du Fond de Réserve représentait 4,6 années de dépenses ordinaires et offrait un pouvoir d’achat de 148 000 m2.
En 2021, ce sont 2,4 années de dépenses ordinaires et 48 000 m2 ! Moins 100 000 m2 en 20 ans !
La gestion et le marché ne marchent pas à la même vitesse, sans aucun jugement de valeur.
Un deuxième tour, budgétaire, où nous pourrions alors entrer dans les chiffres.
Globalement, les comptes sont bons grâce aux décisions prises, mais aussi et surtout par les choix stratégiques qui ont été faits par nos Princes il y a bien longtemps !
Notre économie « se porte bien » ; attention pour autant au risque d’anesthésie !
Vous savez, s’endormir sur ses lauriers !
Les nuages économiques et énergétiques s’amoncellent dans le monde ; Monaco ne sera pas à l’abri, avec une vision à court terme bien éloignée de l’avenir et de l’attractivité.
Des avancées réelles existent. Or, le monde a non seulement changé, mais les mutations s’accélèrent et se vivent dès à présent.
Nous ne pouvons pas échapper à l’urgence du long terme.
J’aurai l’occasion d’y revenir : climat, technologie, arrivée de nouveaux pays sont autant de ressorts sur lesquels rien n’est dit ou presque, pour offrir un Monaco encore meilleur à la génération des enfants qui ont 10 ans aujourd’hui.
Il y a certes des projets, mais est-ce suffisant ?
Nos finances publiques nous permettent d’anticiper l’avenir car les changements qui viennent risquent d’être brutaux.
Aussi, au gouvernement « comptable », je préférerais rencontrer un gouvernement « stratège et comptable ».
Par exemple, en proposant, pour la suite, des séances privées et publiques relatives à l’état d’avancement du Programme Gouvernemental d’Action et les objectifs.
Indépendamment du budget lui-même.
Je vous remercie.
Daniel Boeri