Depuis mars 2020, soit + de 18 mois – Monaco a su faire face, mieux que bien, à la pandémie qui tout à la fois freine et transforme le monde.
Les plans développés ont mêlé judicieusement l’économie, le social et le sanitaire et Monaco a pu continuer à vivre dans un monde que la pandémie fermait.
Alors certes, quelques contraintes sont apparues – le vaccin, le pass sanitaire – et qui ont troublé certains, mais je le redis ce soir « un monde sans autorité n’est pas un monde de liberté, mais monde de licence ».
L’État est le garant du bien commun.
Les différents plans mis en place rapidement : vert, bleu, rouge et blanc ou encore les aides aux entreprises et aux salariés, ont permis au plus grand nombre de faire face aux situations inattendues et de les protéger.
A l’exemple de l’ouverture des événements culturels, avec la distanciation sociale, souvent isolées dans la région.
Je l’ai dit plusieurs fois, durant cette période, les frissons parcourant le public ont souvent donné une tonalité et une chaleur humaine, complémentaires aux habituels applaudissements.
Dans ce monde de retour aux restrictions, Monaco a su ouvrir l’horizon de beaucoup et en rendre jaloux d’autres.
C’est aussi cela l’attractivité.
Encore faut-il dire un grand merci aux différents responsables ; que ce soit la direction des institutions culturelles, qui ont été en mesure de répondre à cette situation inattendue et aussi au personnel, derrière le rideau, sans qui rien n’aurait été possible.
Pour en rester à la culture, je rappelle que les budgets ont été globalement maintenus et s’élèvent à 4,5% du budget total.
Même si comparaison n’est pas raison, en France le budget s’élève à moins de 1% du budget de l’Etat.
Dans le même temps, le confinement total ou partiel a accentué les mutations du monde.
Le signal faible est devenu un signal fort
Disant cela, je ne crois pas qu’il soit sage de s’en tenir à une « saine gestion des affaires courantes » !
Toutefois c’est ce que je crains à la lecture des documents budgétaires.
Si l’équilibre des comptes et des réserves est nécessaire et bienvenu – le gouvernement y est globalement parvenu – cela s’avère être dès maintenant une formule insuffisante.
Le Nouveau Monde demande plus et exige de réajuster nos pratiques…et notre vision du futur.
Nous devons impérativement passer d’un « État comptable » à un « Etat stratège » !
Un exemple de mutation :
Durant cette période, le télétravail a pris soudain, contraint et forcé, une place inattendue.
Cela touche évidemment les entreprises et les salariés, mais cela bouleverse également la vie au bureau et la vie au domicile
Ainsi, le télétravail, qui représentait moins de 10 % des salariés, en concerne aujourd’hui près de 40 %.
Avec 2 conséquences !
- Les premières statistiques françaises font apparaître des besoins de surface de bureaux en baisse de l’ordre de 20 % !
Ce n’est pas rien, et cela nous concerne aussi
Ce qui était une exception commence à devenir la règle.
Les balbutiements du début font place à une optimisation des espaces et des pratiques. La visioconférence se généralise.
L’open space remplace le bureau individuel.
- La deuxième conséquence, plus lointaine, concerne l’éducation.
J’aurai l’occasion de revenir à l’occasion des débats ; ce sont les emplois futurs qui sont concernés.
Déjà, il convient de remplacer le mot télétravail par travail à distance !
On croyait transférer « des tâches à exécuter » à la maison ; en réalité, une autonomie plus large est donnée aux salariés, changeant la nature de l’emploi de demain.
Ce qui se fait à Monaco et peut se faire à Nice, Beausoleil ou Vintimille se fera demain à New Delhi ou à Séoul…
Au point même, que la Chine en perd son latin, si j’ose dire.
Les entreprises découvrent cette mutation radicale.
Attention, je ne parle pas des entreprises « tâcheron 2.0 », lesquelles distribuent du micro-travail de quelques secondes à 200 000 personnes dans le monde, qui les restitue dans la journée, chacune réalisée pour des coûts dérisoires.
J’arrête sur ce point, je ne suis pas pessimiste. Mais les emplois vont se transformer et donc l’éducation doit rapidement s’adapter.
Pour les emplois futurs, la concurrence ne se trouve plus sur la zone de proximité mais dans le monde.
J’aurai aussi l’occasion de revenir sur la politique de réduction des gaz à effet de serre d’ici 2030, qui présente a priori un plan séduisant, mais vu les pratiques gouvernementales, je reste un peu sceptique.
Alors nous pouvons être, et je peux être globalement satisfait de l’action de l’Etat pour ce budget rectificatif 2021 sans oublier le Comité mixte et le Conseil National.
Mais je crains que ce ne soit, pour ce soir, la seule occasion d’exprimer ma satisfaction pour le budget rectificatif.
Un message : attention, se reposer sur ses lauriers est une chaise fragile.
Je vous remercie.
Daniel Boeri