La culture vit une situation paradoxale
Avec 58 millions d’Euros et près de 5% du budget, la Principauté fait office d’exemple.
Le résultat est là : les institutions culturelles de notoriété internationale rayonnent chez nous et en dehors, par la qualité de leur programmation qui donne envie de venir à Monaco.
Pourtant, c’est l’arbre qui cache la forêt. Le paradoxe est là !
Sur les 58 millions d’Euros de budget, les associations, elles, ne bénéficient que de 3,5 millions d’Euros.
Dois-je le rappeler ?
Les associations, composées pour la plupart de bénévoles, d’amateurs passionnés, contribuent elles aussi au développement des hommes et des femmes dans la Cité au quotidien.
Par la musique, le théâtre, la lecture, la peinture, etc., les associations ouvrent leurs membres aux autres et au monde, elles sont des lieux d’échanges et de rencontre.
Leur budget en est triste à pleurer.
Mais Monsieur le Ministre, un arrêté ministériel supprime les aides aux projets culturels après trois années consécutives.
Pire, il est rétroactif !
C’est une erreur grave qui porte atteinte, sournoisement, au socle de la vie culturelle.
Comment ne pas parler, au risque de rabâcher, de l’absence de la Nuit Blanche, malgré le succès de sa seule édition !
Et tous les subterfuges et les pseudo-justifications pour qu’elle n’ait pas lieu.
Je constate, et le redis, avec stupéfaction, que 800 000 Euros ont été retirés pour les manifestations culturelles…
pour donner 1,2 million d’Euros à un tournoi de boxe !
Je ne suis pas certain que la vocation du Gouvernement soit d’être un organisateur de combat…quand bien même on appelle cela le « Noble-Art » ! Là encore, aucune justification.
Par ailleurs, je souligne, même si la fréquentation n’est qu’un indice et non un tout ; celle de nos institutions stagnent voire baissent, passant de 1 054 000 en 2013 à 917 000 en 2016.
Et j’en viens au Fort Massena, acheté par Monaco à la Turbie, dont je réclame la visite depuis des semaines.
Toutes les excuses, là encore, sont bonnes : on ne sait pas où est la clef…on retrouve la clef !
Et finalement, une visite est organisée pour les seules institutions culturelles…sans les représentants du Conseil National, sans doute perçus comme des empêcheurs de toucher en rond !
Les 10 000 m² pourraient servir largement au développement artistique, entre autre, quand bien même il y aura des travaux à réaliser.
« La culture est morte quand on est obligée de la défendre, au lieu de l’inventer »
Certes, nos institutions culturelles continuent de rayonner.
Mais il s’agit, à la fois de donner de nouveaux moyens à nos associations, et d’organiser des événements, comme la Nuit Blanche !Car c’est par cette osmose que la culture se développe et attire un monde nouveau.
Faut-il rappeler les paroles du sage à l’Empereur chinois, il y a des siècles :
Si tu veux vaincre un pays, ne lui fais pas la guerre ; elle serait longue et coûteuse en vies humaines.
Coupe-lui la culture ! Vingt ans après, tu auras des ingénus et des candides, et le tour sera joué.
Daniel Boeri