Monsieur le Ministre,
Madame, Messieurs les Conseillers du Gouvernement Ministres,
Chers collègues,
Chers amis et chers compatriotes dans l’hémicycle
à la télévision et sur Internet.
Je sais qu’on nous regarde de loin
et je salue nos amis et compatriotes qui nous suivent ce soir,
bien qu’éloignés du pays.
Bien sûr, c’est une très grande joie pour moi d’ouvrir, en tant que doyen d’âge, cette nouvelle législature.
Depuis le 11 février, j’attends cet instant avec une grande gourmandise.
C’est la seule fois de l’année où mon temps de parole n’est pas limité !
Je sais bien, pour autant, que tous, vous attendez l’élection du nouveau Président du Conseil National, ce qui pourrait, en apparence rendre dérisoire, voire inaudible, mon discours d’ouverture tant l’émotion des uns et des autres est forte.
Mais au fond, il ne serait pas raisonnable de réduire cette prise de parole à une simple procédure formelle.
Laissez-moi d’abord donner un salut amical aux collègues de la précédente législature qui, chacun pour des raisons diverses et variées, ne sont plus présents ce soir. Qu’ils soient remerciés de leurs contributions pour le pays.
C’est aussi une grande émotion car au-delà de la présente session, c’est une grande responsabilité qui nous attend dans un monde en ébullition
Nous devons accompagner Monaco dans son développement et dans son adaptation face à ces mutations.
Pour préparer mon intervention de ce soir, j’ai relu mes précédents propos en tant que doyen d’âge de cette assemblée.
Cela pour retenir deux remarques ? même si certains pourraient trouver peu élégant de me citer moi-même.
• Quelle vision globale avons-nous de Monaco dans le futur ?
J’ai dit alors, que cet exercice de futurologie conduirait naturellement à des erreurs virtuelles.
Mais encore faut-il disposer de ces projections du futur, pour pouvoir corriger ces dites erreurs.
Pour moi, l’horizon budgétaire annuel, pour nécessaire qu’il soit, est très insuffisant.
• Ma seconde remarque concerne notre Conseil National et la Constitution.
J’avais dit alors, que la défense de notre modèle politique serait plus aisée avec un Conseil National fort.
J’étais plutôt visionnaire, autant m’auto-congratuler.
Soutenir notre Prince et soutenir la Constitution c’est aussi le rôle du Conseil National, pour cela notre Conseil National doit être réellement fort.
Et j’en suis d’autant plus heureux que c’était un des objectifs de la campagne électorale.
C’est ce que nos compatriotes ont voulu en choisissant notre nouvelle équipe pour les cinq années à venir.
Ce préambule dit, je souhaite vous proposer une rencontre paradoxale entre « jeunesse et nostalgie ».
Nous nous trouvons devant un Conseil National renouvelé où, 13 conseillers nationaux sur 24 n’ont jamais siégé dans cet hémicycle, plus de la moitié !
C’est un renouveau formidable que les monégasques ont choisi avec un mélange d’expérience et de jeunesse.
Cette jeunesse, je m’y arrête un instant, car elle est le germe de notre avenir à tous, de l’avenir de notre pays et aussi de son propre devenir.
« Une génération nouvelle arrive à la vie politique, dans les mouvements et les passions.
Les joies et les douleurs qui l’agitent en tous sens, se mêlent, s’entrechoquent et s’équilibrent »,
C’est l’avenir en marche.
Le Conseil National a rajeuni.
50 ans de moyenne d’âge et le doyen, qui, par définition, fausse cette moyenne, n’en est que plus heureux.
Face aux défis du siècle, le mélange des générations est la meilleure arme possible.
Mais, si j’ose dire, comme le dit le poète, l’âge ne fait rien à l’affaire, …
Il s’agit d’une nouvelle ressource extraordinaire et nous devons en prendre conscience.
Voyez-vous mes chers compatriotes, pour les avoir côtoyés durant toute cette campagne et les avoir mieux connus, je peux le dire, et leur dire : cette jeunesse est compétente, motivée, forte.
Elle illustre en 2018, comment la priorité aux monégasques ne sera plus seulement un phénomène de carte d’identité mais bien celui d’un monde nouveau où l’expérience et la compétence existent dès maintenant.
Monaco a besoin de cette jeunesse, pour relever les défis du temps et les relations avec l’Europe en particulier, car ce sont eux qui auront à créer ces relations aujourd’hui ou à les subir demain !
Il n’y aura pas de rupture générationnelle, mais un mélange d’expériences diverses, d’expérience du monde d’ailleurs, d’expérience internationale et de compétences adaptées aux mouvances du présent.
Ah l’Europe ! c’est l’occasion pour moi de dire, ici ce soir, l’importance de notre identité.
Notre identité nationale, qui semble parfois relever d’un discours parfaitement banal, parce que galvaudée, mais qui renferme toutes les questions relatives aux rapports entre monégasques, entre notre singularité individuelle et notre vision sociale et globale du pays.
Cependant, derrière cette identité trop souvent se cache la nostalgie
• Cette nostalgie qui donne parfois des bleus à l’âme…
• Cette nostalgie qui donne aussi des larmes au cœur…
• Mais cette nostalgie qui reste, seule, quand on ne peut plus rien faire… comme un chant du cygne.
• Cette nostalgie qui trop souvent s’enferme sur une notion trop simple pour ne pas dire trop simpliste, celle du patrimoine tronqué,
• Cette nostalgie qui oublie que notre territoire de 2 km² et les 15 000 monégasques que nous serons vers 2040, doit aussi se développer, s’adapter et anticiper.
Cela est de notre responsabilité, non pas demain, mais dès aujourd’hui, dès à présent.
Ce développement s’appuie sur notre identité, partie de notre culture, sur notre histoire et sur les valeurs que nous partageons, même invisible, mais qui sont là !
• Mais cette nostalgie, qui aussi, cherche à semer la zizanie en oubliant volontairement, ou non, que le Patrimoine c’est aussi le Patrimoine culturel immatériel,
Impalpable par son essence mais o combien présent au quotidien dans notre culture, source de notre attractivité.
Notre Souverain en a souligné l’importance par Sa présence dans l’hémicycle lors du concert hommage au compositeur monégasque Louis Abbiate, le 3 novembre 2017.
• La nostalgie, c’est aussi la peur.
La peur d’affronter la modernité, la peur d’avancer dans un monde qui ne nous attends pas.
• La nostalgie c’est enfin la peur de l’autre, la peur du changement, la peur de l’évolution, fusse-t-elle naturelle.
Or, ce dont nous avons besoin, c’est d’une identité ouverte, sûre d’elle-même, qui affronte le monde avec ses forces vives, et qui prévoit et qui prépare le Monaco de demain, celui des générations futures, pour donner rendez-vous à l’Histoire.
Pour conclure mon propos, mes chers compatriotes, je vous dis :
• Allons de l’avant,
• Appuyons-nous sur notre histoire,
• Appuyons-nous sur notre jeunesse
• Mais ne nous laissons pas aveugler par des sentiments primaires non justifiés.
Sans cela notre territoire n’aurait pas bougé.
Le train ne serait pas en sous-sol et nous serions là, à genoux, à adorer l’ancienne gare de Monte Carlo !
Disant cela, je n’oublie pas l’histoire.
Mais ne s’appuyer que sur le seul pied de la nostalgie, sans penser au développement du pays, ni aux traces laissées par nos parents, ni à celles que nous laisserons à nos enfants, c’est bloquer les générations futures dans un pseudo bien-être du seul passé.
Je vous remercie.