Daniel Boeri répondant à une invitation intervient sur le climat en Inde.
L’Inde est un pays que vous connaissez bien ?
J’ai connu l’Inde il y a très longtemps – 1969 –. Aujourd’hui, il est adapté de dire : « le monde d’avant n’est plus ». Ce pays qui vivait alors la pauvreté, en plein, s’en éloigne peu à peu, même si de fortes inégalités demeurent. Me voilà tout d’un coup, en 2023, à la rencontre d’une Inde nouvelle et d’étudiants passionnés !
Quel est l’objet de ce voyage ?
D’abord, à l’Alliance Française de Delhi – cela représente 5 000 étudiants inscrits – qui rencontrent tour à tour la culture française : cinéma, conférences, théâtre, concerts, événements culturels divers… Cela a été l’opportunité d’une double rencontre ; d’un côté, l’Alliance Française me propose une conférence, et dans le même temps, mon avant-dernier livre est traduit en anglais.
C’est l’occasion pour participer au pré-lancement du livre au cours d’une conférence à l’Université de Delhi, et apporter ma contribution aux étudiants, au sujet de l’évolution du climat et de la technologie.
Votre sentiment sur place ?
Dans un premier temps, cela me rappelle les amphis à l’université Paris-Dauphine, évidemment dans un cadre largement différent. Si la base de mon intervention reste le climat et la technologie, le cadre est totalement différent. Il s’agit de l’inauguration des relations culturelles Inde-France dans le cadre de la présidence indienne du G20, qui venait de se terminer.
A ma grande surprise il s’agissait d’intervenir dans cadre plus large : « Une Terre, une famille, un futur ». J’étais invité, avec trois autres professeurs d’université. Un amphithéâtre complet pour environ 130 étudiants, très inquiets pour leur avenir. Non seulement face à l’évolution du climat, mais surtout pour leurs emplois futurs avec l’arrivée des nouvelles technologies, et notamment l’Intelligence Artificielle !
Quels étaient les sujets principaux abordés ?
Leurs questions s’éloignaient des grandes lignes « théoriques », mais surtout pour trouver les clés pour leur avenir, bien au-delà de tirer les conséquences de l’impact de la technologie.
La machine, avec l’Intelligence Artificielle, allait-elle leur couper les emplois ? Cela m’a permis de préciser comment, à mon avis, il leur revenait de piloter la machine et les logiciels, et non pas de les subir. Ce fut l’occasion de revenir sur le leitmotiv permanent « apprendre à apprendre ». Très souvent, en effet, je retrouve une situation où le contenu isolé d’une question est abordé hors de son contexte…bref, les contenus prenaient le pas, comme très souvent, sur la manière de vivre avec, et de les piloter, en relation avec les décisions à prendre, bien au-delà des seules connaissances. Je ne sais pas encore si mon message est passé ; reste que de nouvelles conférences se préparent en Inde, aussi bien à Mumbai qu’à Calcutta !
Et Monaco dans ce contexte ?
Ces conférences ont été aussi l’occasion de parler de Monaco, dans la mesure où Monaco interpelle, à la fois par son attractivité et sa notoriété internationale. Les étudiants étaient à l’affût et avaient une vraie appétence de connaître la Principauté dans sa vie quotidienne et sur les défis qui agitent le monde, auxquels Monaco doit également faire face. Nous le savons, en matière de défense de l’environnement, le pays est en première ligne…nous ne serons pas épargnés par la montée de la température et des eaux ! En matière technologique aussi, il convient d’être attentif aux conséquences sur l’emploi. Cet ensemble de questions m’a rappelé ma conférence à l’Académie Brésilienne de Philosophie à Rio, il y a quelques années.
Quels sont vos projets ?
Reste l’avenir ! Mon livre sur la Chine donne un appel nouveau : « pourquoi pas un livre sur l’Inde ? Il s’agit d’une découverte d’un pays, très loin des seuls aspects touristiques. C’est la rencontre simultanée, entre autres, des cultures et des disparités régionales, des castes et en tirer leurs conséquences au quotidien, les religions, les modes de vie en famille…Il s’agit d’un challenge, bien au-delà des seules considérations économiques, et la nouvelle place de l’Inde dans le monde.