Ce soir, je m’en tiendrai à une vision restreinte de la politique générale, autour des recettes qui, comme on dit, sont « le nerf de la guerre »
Lors du budget 2019, à peu près à la même époque, je me faisais gentiment houspiller pour mon un excès de prudence quant à l’évolution de l’économie mondiale pour 2020 et donc de notre pays, par ricochet !
Au mois de janvier 2019, tout se passait bien : le poids des recettes passait : de 6,2 % en 2016, à 7,8 % en 2019 du budget annuel.
En février, la situation plutôt favorable se poursuivait.
Les mois de mars et avril donnaient quelques signaux, le vert passait à l’orange ; je vous dispense des chiffres
En octobre 2018, parler d’être prudent pour 2020 pouvait paraître à certains quelque peu exagéré.
J’ai donc convoqué Talleyrand :
« Quand je me regarde, je me désole »
Or, Aujourd’hui, nous disposons des chiffres août 2019. Si le résultat en cumul est excédentaire de 14.6 millions, il est en baisse de 114 millions par rapport à 2018
Cela est loin d’être dérisoire d’autant que les recettes intègrent de l’ordre de 100 millions d’écritures exceptionnelles, notre rapporteur l’a souligné, qui heureusement pourront être reconduites en 2020.
Mais qu’on ne s’y trompe pas déshabiller Pierre pour habiller Paul ne change pas grand-chose à l’économie.
Ces recettes exceptionnelles au budget, viennent en diminution du Fonds de Réserve Constitutionnel
Le caractère conjoncturel, n’est pas au rendez-vous :
Quelques chiffres :
Dès le mois de mai, l’avancement des recettes par rapport au budget annuel s’est inversé : elles passaient de 38,5 % en 2016 à 32,5 % en 2019
En août, les chiffres sont clairs : le poids des recettes, en cumul sur 8 mois,
Passent de 63.7 % du budget annuel en 2016 à 53.6% en 2019, hors les recettes exceptionnelles
Un décalage de : de l’ordre de – 10 points en 4 ans
Le dernier trimestre pourrait apporter une éclaircie le pire n’est jamais certain, mais j’en doute quelque peu
Alors, Talleyrand, qui n’en manque pas une, de me chuchoter à l’oreille
« Quand je me compare, je me console ! »
Je ne suis plus seul aujourd’hui ; même un optimisme prudent ne peut le masquer :
- L’Union Européenne revoit en baisse ses prévisions croissance,
- L’Allemagne décroche et l’Italie n’est pas dans une meilleure posture
- Sans compter, le Brexit à venir
- Faut-il rappeler que l’activité économique du pays est largement liée à celle de l’UE
- En plus, la guerre commerciale Chine États-Unis, provoque bien des dégâts partout dans le monde.
- Voilà qu’en plus, une nouvelle guerre commerciale s’ouvre entre le Japon et la Corée et le Japon vient d’abaisser à son tour ses prévisions de croissance
- Enfin, si j’oses dire, au moment où je préparai mon intervention de ce soir, l’OCDE publie un « scénario choc » sur le développement de l’économie du monde qui ferait des années 2019 & 2020, les pires depuis la crise de 2008 !
- Pour la première fois, samedi dernier, le mot récession est envisagé !
La conjoncture, comme anticipée, est en train de se retourner, donc prudence pour le budget 2020.
D’ailleurs, toutes mes interventions au cours de ces soirées du budget rectificatif, visent surtout le budget à venir !!
Comme vous le savez, le budget, c’est comme le patrimoine ; il enregistre une situation, mais surtout prépare l’avenir.
Toutefois face à cette situation, les pays ne peuvent rester les bras croisés.
Investir juste devient plus encore une exigence, même si parfois cela peut apparaitre difficile et causer du déficit
Aussi, rassurez-vous, ce n’est pas une prudence permanente, j’espère qu’en 2020 des investissements culturels nouveaux contribueront (Fort Massena, Nuit Blanche entre autres) à la notoriété du pays.
C’est un mélange de court et moyen terme, où le nécessaire développement rejoint une politique financière équilibrée
Daniel BOERI