136ème Assemblée de l’Union Interparlementaire, Dhaka, Bangladesh, 1-5 avril 2017

Publié le 14/04/2017 | Économie et social, International, News

Mon intervention dans le débat général consacré au thème

« Corriger les inégalités pour assurer à tous dignité

et bien-être »

 

Monsieur le Président,

Chers collègues,

 

« De simples bourgeois, seulement à cause qu’ils étaient riches, ont eu l’audace d’avaler en un seul morceau la nourriture de cent familles ».

Au 17ème siècle déjà, Jean de la Bruyère, moraliste français, nous donnait la clé de la question posée aujourd’hui.

La statistique, la cible d’un côté, et la morale de l’autre.

Les statistiques nous poussent à l’action, mais attention,

la morale peut la rendre myope.

Je crains de devoir dire que trop souvent, le terme « inégalités » renvoie à sa seule dimension économique et monétaire.

Avec une simplification morale à la clé :

« on prend à ceux qui ont pour donner à ceux qui n’ont pas ».

Notre débat contient trois mots essentiels : « corriger », « dignité », « bien-être ».

  • « Corriger» ; dans le monde dans lequel nous vivons les inégalités qui règnent y sont différentes : géographiques, économiques, sociales.

Pour cela, il appartient aux Etats de corriger les distorsions engendrées, si j’ose dire, par les voies naturelles.

Elle a un tronc commun, l’égalité des chances : celle-ci ressort d’une volonté politique.

Donner les mêmes chances à tous pour l’accès :

  • aux besoins primaires 
  • à l’éducation, « fondement d’une société heureuse » (Averroès)
  • au logement
  • à la santé et à ses infrastructures

Ces prérequis de base sont évidemment indispensables.

  • La « dignité» : Il s’agit d’une condition psychosociologique.

La dignité, c’est d’abord le respect dû à chaque personne, indépendamment de son sexe, de son âge, de ses opinions, de sa religion, de ses préférences, de son niveau de vie.

Mais la dignité, c’est aussi offrir des emplois, offrir du travail, qui permettent l’épanouissement de la personne.

D’autant que la vie, comme on dit, n’est pas un long fleuve tranquille.

  • le « bien-être», notre troisième mot, implique une politique de redistribution.

C’est à ce stade que la Morale arrive à grand pas, avec les risques y affairant.

L’idéologie guide l’action.

Pour qu’il y ait redistribution, il doit y avoir richesses à distribuer.

Sur une longue période, la redistribution ne peut se poursuivre que s’il y a en parallèle une dynamique d’accroissement des richesses.

Ici se trouve la limite de l’Etat : jusqu’où aller ?

Quel est l’optimum de taxation pour assurer cette redistribution ?

Ces principes impliquent d’intégrer un aspect supplémentaire et tabou relatif aux inégalités : la démographie.

Pour s’en tenir au seul aspect économique, le principe de base est :

Si la croissance démographique est supérieure à la croissance économique, les inégalités perdureront nécessairement.

Les prévisions de l’ONU sont un signal.

La planète compte :

  • 7,3 milliards d’habitants aujourd’hui
  • 9,7 milliards en 2050
  • 11,2 milliards en 2100

La population mondiale va croître de 1,8% par an ; à minima, le PIB mondial devra suivre le même taux de croissance.

Or, nous le savons tous, il y a d’énormes disparités selon les territoires.

 

Je vous ai parlé du monde tel qu’il se développe, je voudrais aussi parler de Monaco et de la manière dont nous traitons les inégalités.

  • Monaco est un Etat singulier à de nombreux égards :

par sa taille, 2 km²,

par les 120 nationalités qui y vivent,

par la minorité que constituent les 9 000 monégasques, sur une population totale de 39 000 habitants et de 51 000 salariés.  

Le gouvernement de SAS le Prince Albert II s’attache à assurer à tous le bien-être et la dignité dus à chaque individu, notamment par une protection sociale parmi les plus généreuses et efficaces du monde.

Par une politique de logements sociaux inédite,

Par une politique d’aides aux personnes les plus vulnérables,

Par une politique d’éducation d’excellence, 100% de réussite au Baccalauréat

Et aussi par une politique de priorité à l’emploi que certains voudraient nous enlever.

 

Grâce à cette politique volontariste, nul monégasque n’est laissé de côté

Et tous bénéficient de conditions de vie leur permettant de répondre à leurs besoins et de s’épanouir librement.

D’ailleurs, les aides de l’Etat représentent

près de 9% du budget.

  • Monaco se montre solidaire aussi à l’international. La Principauté verse en 2017, au titre de l’Aide Publique au Développement, 1% du budget l’Etat.

Monaco concentre son action sur le financement de projets à long terme, contribuant aux objectifs de lutte durable contre la pauvreté fixée par les Nations Unies, notamment en matière :

  • De santé, en soutenant les systèmes de santé nationaux et l’accès aux soins médicaux

Et en matière :

  • D’éducation, en favorisant l’accès à l’éducation et alphabétisation

 

L’an dernier, plus de 150 projets ont été mis en œuvre.

 

L’Histoire de l’Humanité, tumultueuse à de nombreux égards, est avant tout une aventure collective.

L’Etat pilote l’organisation sociale ; il lui revient donc de prendre en charge une partie du fardeau, avec les parlementaires.

Lutter contre les inégalités, c’est aussi donner la possibilité aux hommes et aux femmes, libérés de cette lutte permanente contre la précarité, de mener une vie digne et responsable.

Je vous remercie,

Daniel BOERI

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